Autour de la grande table du salon, les membres de la famille Flotté parcourent les galeries photos de leurs smartphones. « Là nous étions sur un bateau en mer, on a vu des dauphins. » « Sur celle-ci on fait du jet ski. » Plus que des images, ce sont des souvenirs heureux récemment partagés.
Pour eux, tout commence il y a quatre ans lorsque Magali Flotté, la maman, fait une demande d’agrément auprès du Conseil départemental de l’Orne pour devenir accueillante de personnes âgées ou en situation de handicap, une alternative aux foyers pour adultes (voir encadré). Depuis, épaulée par son mari Patrick, chauffeur routier, ils accueillent chez eux trois personnes.
Un espace pour chacun
Geoffrey, 24 ans, le taquin de la famille, est arrivé le premier, en juin 2014. Stéphanie, 28 ans, de nature calme, a intégré le foyer en septembre 2015. Enfin Jean-Claude, 62 ans, un brin rustique, les a rejoints en décembre 2017. La journée, tous travaillent. Stéphanie et Jean-Claude font du conditionnement de produits. Geoffrey, lui, s’occupe des espaces verts. Le soir, ils partagent les repas et les sorties en famille.
Dans cette grande longère de pierres aux volets bordeaux située à Valframbert, chacun a sa chambre, son espace. Une chose essentielle pour Magali. « La maison fait 130 m2, on l’a choisie pour pouvoir faire cette activité » . Cette ex-aide à domicile a découvert l’accueil familial en faisant des remplacements. « Je me rendais chez les accueillants qui souhaitaient se faire remplacer le temps d’un week-end. Avec son travail, mon mari partait pour la semaine, moi tout le week-end. C’était compliqué pour la vie de famille. On a donc décidé de devenir nous-même accueillant en janvier 2014 » , raconte-t-elle.
« Comme ma sœur »
Leur fille Fanny de 24 ans a tout de suite adhéré à l’idée. « Elle est comme ma sœur » , affirme Geoffrey au sourire communicatif. « Si j’ai un souci je vais la voir » , reprend Stéphanie. La jeune femme a une place importante, elle supplée sa maman de temps en temps. « Je suis dans l’attente d’une réponse pour une location de maison » , précise Fanny. Après quoi, elle souhaite à son tour faire sa demande d’agrément auprès du Département.
Et si aujourd’hui Geoffrey partage volontiers la vie de famille, cela n’a pas toujours été le cas. « À mon arrivée, je regardais mes chaussures » , se souvient-il.
Gagner en autonomie
Depuis, il s’est ouvert et a beaucoup appris. « Il sait faire sa laverie tout seul » , indique non sans fierté Magali. Car Ici chacun aide aux tâches ménagères, un autre point important pour Magali qui souhaite que « tout le monde soit autonome » . À la question : « préférez-vous être dans un foyer de vie ou ici ? » la réponse est unanime. « Ici ! »
Balade à moto, à vélo, cinéma, pêche au maquereau en bord de mer, fêtes de fin d’année, concert, foire, jeux de société… Un paquet de souvenirs fuse de plus belle. « On part en vacances tous ensemble avec les deux camping-cars qui sont dans la cour » , ajoute Magali.
En quittant la maison de la famille Flotté, on aperçoit chaque membre sur le perron faire de larges saluts pour dire au revoir. Incontestablement l’exemple d’une famille soudée et complice.